"Alors, elle marche ?" - Motricité libre versus pression sociale
Alors elle marche
Illustration de Ummablog

« Alors, elle marche ? »

Je crois que c’est quand bébé a eu 8 mois qu’on a commencé à nous poser cette fameuse question « Alors, elle marche ? » – aucun jeune parent n’échappe à cette question, on nous avait prévenus et te voilà prévenu.e aussi ! 😉

Je me souviens qu’au début, la réponse du « non » sortait spontanément et naturellement (en mode, bah bébé est quand même jeune là, elle n’a que 8 mois) puis les mois passant, le « non » s’accompagne aujourd’hui presque toujours d’un « mais c’est pas grave » (histoire de rassurer l’interlocuteur, toujours le même, qui prend un peu trop au sérieux la bonne évolution de ton bébé).

On remarque vite qu’à partir d’un certain nombre de mois (je dirais à partir du passage des 1 an), la norme sociale voudrait que bébé sache marcher. Et sans surprise, cette attente sociale est bien moins tolérante que celle émise par ton cher pédiatre hyper bienveillant (je cite « entre 10 et 18 mois en moyenne » – oui, on est d’accord ça ressemble plus à une large fourchette qu’à une moyenne). 

Finalement et entre nous, le vrai intérêt n’est pas tant de savoir quand bébé commence à marcher mais plutôt comment laisser bébé libre de marcher. Et là tu me dis « oooh alors ça c’est très tordu mais bougrement intelligent » et moi je te réponds « c’est la motricité libre tout simplement ».

 

La motricité libre, c’est quoi ?

Chez nous (et j’imagine que ça a fonctionné aussi comme ça chez d’autres) les premiers pas ont déjà été faits et la capacité de bébé à se tenir debout a été notée. Seulement, pour une raison propre à bébé (c’est sans doute plus familier, plus simple, plus confortable, plus rapide et efficace pour le moment), bébé reste sur le 4 pattes et elle a plutôt l’air d’y tenir.

Très tôt, on s’est penchés avec Monsieur sur la question de la motricité libre. Sujet qui ne semble pas être défini ou plus exactement appliqué de manière harmonieuse par tous les parents – finalement chacun fait à sa sauce et c’est bien normal j’ai envie de dire. 

En gros, le principe de la motricité libre c’est laisser bébé libre de ses mouvements sans lui imposer des positions non acquises ou dont il ne pourrait pas se défaire tout seul. Cela favorise notamment l’autonomie et la confiance en soi (et ça, on aime !).

Lorsque l’on s’est mis d’accord avec le papa pour mettre en pratique la motricité libre, on a regardé une conférence de Michèle Forestier, kinésithérapeute et auteure de De la naissance aux premiers pas, qui a fondamentalement changé ma façon de penser l’évolution de bébé. 

Il ne s’agissait plus d’attendre impatiemment tous les progrès en motricité de bébé mais de respecter son rythme en ayant en tête la seule priorité du développement serein et solide de l’enfant.

Pour ma part, ce respect était primordial pour permettre à bébé d’apprendre et de consolider ses acquis étape par étape et, ainsi, lui offrir la maîtrise de son équilibre et la gestion de l’espace dans lequel bébé se déplace.

 

Les étapes de la motricité libre par Michèle Forestier ainsi que ses conseils 🙂

 

Personnellement, j’ai une grande peur du vide et n’ai pas un très bon équilibre (en cours de gym, j’étais de ceux et celles qui tombaient au début de la poutre, tu vois le genre…) et ça ne m’étonnerait pas que ces étapes aient été zappées ou du moins non acquises plus jeune (bon tu me diras, il n’est jamais trop tard pour travailler dessus mais ça demande un effort supplémentaire et ça, on n’a pas le time ni la motiv’).

Dans la conférence, l’exemple de fin m’a particulièrement marqué (il arrive à 1h30m35s de la vidéo) : un petit garçon d’environ 18 mois qui ne sait pas encore marcher mais qui est tout à fait autonome dans ses mouvements et sa façon de se déplacer en gérant avec une confiance incroyable l’espace qui l’entoure.

Je ne nie pas la satisfaction personnelle et sociale (un peu à l’ancienne je dirais j’aimerais dire) que l’on peut ressentir lorsque bébé montre une précocité quelconque. Par exemple, je me souviens avoir été hyper fière et admirative lorsque bébé s’était retournée toute seule du ventre vers le dos pour la première fois la veille de ses 2 mois (bon, elle ne l’a fait que trois fois mais quand même je peux te dire que tout le monde l’a su ! 🙂 ). 

Être fier.ère et vouloir crier et partager au monde entier les prouesses de son enfant est quelque chose de très humain socialement répandu (surtout chez les coréens, la modestie au sujet de son enfant, on ne connaît pas !). Alors, je mentirais si je n’étais pas parfois tentée à la énième fois que l’on me demande si bébé marche, de la prendre par les deux mains et la faire marcher. Mais quand me vient cette idée, je repense à l’objectif vertueux de la motricité libre et cette envie me passe très rapidement. 

Aujourd’hui, on est fiers avec le papa d’avoir tenu notre promesse faite à bébé de lui laisser la liberté de se mouvoir à son rythme et d’éradiquer toute pression et exigence sociale que l’on peut ressentir au quotidien en tant que parent.  

 

Ce que je dirais à ma meilleure amie : Je ne peux que te conseiller d’opter pour la motricité libre (en te renseignant un peu, tu seras complètement conquise). À éviter au maximum les comparaisons avec les autres bébés – chacun va à son rythme et surtout tu verras que chaque bébé a ses préférences en termes de compétences qui ne se résument pas à la motricité (bébé éloquent.e, contemplatif.ve, charmeur.se, observateur.rice, créatif.ve, humoriste et j’en passe !).