L'haptonomie : notre rendez-vous loupé...
Haptonomie
Illustration de Ummablog

L’haptonomie, peut-être que ça te dit quelque chose… Mais, je vais partir du principe que tu es comme moi et qu’avant de tomber enceinte je ne connaissais absolument pas l’existence de cette pratique.

C’est quoi l’haptonomie et surtout c’est quoi l’haptonomie pré-natal ?

Je te préviens, ça va être long (archi long) mais c’est important de comprendre quelle est cette pratique – du moins sur le papier.

D’ailleurs et ironie à part, toutes personnes intéressées par l’haptonomie devraient faire un tour sur son site officiel et de référence – c’est là d’où je tire la définition et c’est aussi là d’où ma volonté de proposer au papa de vivre cette expérience est réellement née.

« L’haptonomie est une pratique qui place la relation et le contact affectif au cœur du soin, de l’éducation et de toute rencontre inter-humaine ».

L’haptonomie pré-natal « favorise le développement de la relation affective, active, entre la mère, le père et l’enfant […]. Conduit dans une ambiance de sécurité, de tendresse et de confiance, l’accompagnement offre dès la conception un sentiment de sécurité affective à l’enfant. Il sollicite très tôt sa participation relationnelle et celui-ci est invité à prendre l’initiative dans la rencontre avec ses parents. Lors de l’accouchement et de la naissance, les liens tissés permettent à chacun d’être présent et de s’engager dans ce qu’il y a à vivre.

Bien avant de naître, l’enfant guette tout ce qu’il peut percevoir comme signes de connivence ou appels à jouer, à se manifester. La rencontre haptonomique crée une relation affective, subtile et profonde à la fois […]. ».

Là si t’es comme moi, tu es déjà dans l’excitation du waouh, c’est quoi ce truuuuc !? Et c’est pas fini…

« Cette manière d’être ensemble donne à l’enfant, très tôt avant sa naissance, le sentiment d’être accueilli et accepté tel qu’il est. Cette sécurité, cette confiance en soi et en l’autre, ces invitations lui permettent de vivre des moments d’échanges essentiels pour l’épanouissement de soi et pour la maturation de toutes ses facultés sensorielles et intellectuelles. Ainsi, s’instaure très tôt l’ancrage d’une relation qui comporte une dimension éducative orientée vers l’autonomie, l’ouverture, la capacité à faire face aux épreuves avec souplesse et détermination, avec le soutien de la sécurité affective. Cette qualité affective des liens qui se tissent entre les parents et l’enfant s’avère préventive des troubles du « devenir-soi ». ».

Pour info, cette définition comprend également les effets de l’haptonomie post-natal qui se pratique de la naissance jusqu’à l’acquisition de la marche.

Ok, alors autant te dire qu’après avoir lu tout ça, je comprends que ce rendez-vous on n’a pas intérêt à le louper. En tout cas, on veut le vivre !

Dans l’haptonomie, le papa a une place très importante puisque c’est lui qui vient, à travers de légères pressions sur le ventre de la maman, inviter le fœtus et l’accueillir dans sa paume pour lui communiquer toute cette sécurité affective – en gros l’amour quoi.

La place donnée au papa a été également un critère qui m’a conquise dans le choix de pratiquer l’haptonomie.     

 

Notre avant-goût

Je parle d’avant-goût car je ne peux décemment pas affirmer qu’il s’agissait d’une expérience dans la mesure où nous n’avons pu assister qu’à seulement deux séances sur cinq qui étaient prévues.

Je te raconte…

Tout d’abord, le choix de la sage-femme a déjà été toute une phase d’embûches qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille comme dirait l’autre.

Il faut savoir qu’il est recommandé de commencer l’haptonomie dès les tout premiers mois de la grossesse en tout cas le plus rapidement possible.

Pour ma part, au 4e mois de ma grossesse, la secrétaire de la sage-femme m’a fait comprendre que c’était limite-limite et qu’il fallait prendre rendez-vous tout de suite – le problème est qu’il n’y avait plus aucune place chez elle.

Bon… Je ne suis pas surprise, j’ai choisi une sage-femme de renom (enfin elle est passée à la télé quoi) donc pas étonnant qu’elle soit full.

Un peu contrariée mais hyper motivée à vivre cette haptonomie, je décide d’appeler une autre sage-femme. Super douce et à l’écoute, le feeling passe bien et on prend rendez-vous.

Le lendemain (ça se passe toujours comme ça), la secrétaire de la sage-femme « de renom » (c’est comme ça que je vais l’appeler) me rappelle me disant qu’elle pouvait finalement me proposer cinq séances dont la première commencerait rapidement pour que chaque séance puisse être programmée de manière mensuelle jusqu’au 8e mois de ma grossesse.

Ça m’embête un peu, je viens de m’engager auprès d’une autre sage-femme.

Tant pis, celle que je voulais vraiment c’était la sage-femme de renom, je l’ai vue parler, je l’ai vue… à la télé dans une émission que j’adore et on va pas se mentir ça m’a suffit.

Je rappelle la sage-femme n°2 et lui explique tout, en toute transparence. Elle réagit super bien et me dit que le choix du praticien est en effet très important et qu’il faut que je me sente bien.

Me sentais-je bien ou le sentais-je bien ? Je ne sais pas, elle est un peu enquiquinante cette secrétaire qui me met la pression sur faut se dépêcher de commencer les séances d’haptonomie pour me dire qu’elle n’a plus de place et finalement me rappelle avec les 5 séances programmées.

Mais bon, la sage-femme elle est passée à la télé (… no comment.).

Premier rendez-vous : sage-femme hyper sympa, elle est très drôle et plutôt bavarde mais pour un premier rendez-vous, on fait connaissance et c’est plutôt ambiance on découvre l’haptonomie et on est super excités. Le papa touche 2-3 fois mon ventre et en tout cas, la sage-femme, elle, arrive à nous dire où est bébé (elle est ici et là !) et ça déjà, ça nous fascine !

Deuxième rendez-vous : Toujours en position allongée, je me sens un peu exclue de la séance. J’aime que l’haptonomie mette en lumière le lien entre le papa et le fœtus mais je me découvre pas pour autant à l’aise à simplement être spectatrice durant environ une heure sans me sentir également impliquée ni invitée à cette rencontre que l’on imagine si unique.

A la fin de cette séance, le papa n’est également pas très convaincu. Il a subi de son côté une pression de devoir ressentir et sentir où était bébé dans mon ventre tout ça sous les injonctions de la sage-femme.

On est effectivement bien loin de cette bulle d’amour qu’on pensait vivre avec notre fœtus.

Mais, on souhaite tous les deux continuer et aller au bout de la démarche. Il nous reste 3 séances d’une heure environ, ça paraît peu pour un déclic quelconque mais après tout ça fonctionne chez les autres, pourquoi pas chez nous.

Le premier confinement Covid-19 (le strict) arrive. Les séances sont annulées par la secrétaire sans aucun autre accompagnement ou conseils ou même quelques mots à distance prodigués.

A la fin du premier confinement, il nous reste une séance. Cette séance ? Ça n’a aucun sens pour nous de la faire. Ça tombe bien, la secrétaire les a toutes annulées. Elle me rappelle pour me demander si l’on vient bien à la dernière séance. Je ris jaune dans la mesure où c’est la même personne qui me sermonnait (à juste titre sans doute au nom du principe même de l’haptonomie) de l’importance du nombre des séances avant la date du terme.

Je suis assez consternée de la façon dont se déroule l’expérience. D’autant plus que les attentes étaient grandes, gigantesques même.

Pour la simple raison que nous aussi on voulait offrir ce sentiment de « sécurité affective », nous aussi on voulait activer cette « relation affective, subtile et profonde à la fois », nous aussi on voulait donné à notre enfant le « sentiment d’être accueilli et accepté tel qu’il est », nous aussi on voulait « vivre des moments d’échanges essentiels pour l’épanouissement » de notre bébé – bref, nous aussi on était prêts pour ce rendez-vous avec l’amour de notre vie.

Tu l’auras compris et si je suis très honnête avec toi, l’idée de l’haptonomie telle qu’elle est définie a renforcé ma déception de ne pas avoir vécu l’expérience qu’on nous décrit sans retenue, celle qui se veut si unique et bénéfique pour les parents et surtout pour le fœtus.

Je ne sais pas si une expérience positive de l’haptonomie aurait ajouté un sentiment de bonheur pour petit fœtus, le papa et moi.  Mais – et avec certitude – notre non-expérience, le sentiment peut-être d’un rendez-vous manqué, n’a en rien enlevé la sensation de plénitude tout au long de ma grossesse et aujourd’hui encore.

Dans notre histoire, je parle bien d’un avant-goût de l’haptonomie et ne remets évidemment pas en cause sa pratique car je suis convaincue que le choix du professionnel et le contexte Covid-19 ont eu un impact fort dans la manière dont on a loupé ce rendez-vous avec notre fœtus d’amour et quelque part avec l’haptonomie aussi.

J’irai même jusqu’à dire que si nous avons un deuxième bébé, je proposerai bien volontiers à Monsieur qu’on  renouvelle l’expérience. D’ailleurs, j’ai gardé le numéro de la sage-femme n°2 🙂 .

 

Ce que je dirais à ma meilleure amie : Je retiens de cette non-expérience que le choix de la personne experte durant ta grossesse est aussi important que sa pratique en elle-même. Un praticien merveilleux pour une personne peut s’avérer pas au top pour toi. Idem pour les expériences autour de la grossesse – tu ne vas peut-être pas être réceptive à tout et c’est absolument pas grave.

La confiance ça passe également par pouvoir dire et confier ses doutes et ses questionnements à toute personne qui va vous suivre, conseiller et accompagner durant ta grossesse et ce, en toute liberté.